8. Résumé et conclusion

En résumé, pour décrire la fonction visuelle des enfants atteints d'autres déficiences et incapacités, une concertation entre le médecin et l'équipe soignante est indispensable

L'équipe soignante doit obtenir du médecin un certain nombre d'informations :

  • structure des yeux et des voies visuelles : que peut-on en attendre en termes de champ visuel et de qualité de la vision centrale ? Réfraction et mode de correction : correction totale, sous correction, sur correction ?
  • sphère visuelle de l'enfant
  • modification éventuelle de la sphère visuelle par le port de lunettes ou de lentilles de contact
  • autres handicaps et leur retentissement éventuel sur la fonction visuelle
  • résultat de toutes les mesures cliniques avec explications
  • description de la lésion si elle est connue

Tous ces paramètres ne pourront pas toujours être obtenus, par exemple la réfraction peut être impossible à mesurer objectivement quand les milieux sont troubles. Une période d'observation prolongée et des essais avec différentes corrections peuvent être nécessaire avant que l'enfant soit assez grand pour répondre aux questions. Le concept de sphère visuelle n'est pas encore reconnu de façon habituelle.

Dans les pays en voie de développement, on ne dispose en général d'aucune information médicale. Quelques éléments seulement peuvent être déterminés par l'observation directe. L'examen est alors encore plus difficile.

Chez des enfants de 3-4 ans et plus

  • réévaluez les fonctions visuelles de base
  • s'il y a discordance entre vos résultats et les données de l'examen médical, parlez-en avec le médecin
  • appréciez comment l'enfant utilise sa vision dans les quatre domaines fonctionnels principaux, communication, orientation et mobilité, activités de la vie journalière, et activités de près prolongée
  • si l'enfant présente à la fois une atteinte périphérique (de l'œil ou des voies visuelles antérieures) et une atteinte centrale, essayez de savoir quelle est leur part respective dans ses difficultés visuelles.

En collaboration avec les parents, les thérapeutes, les enseignants, essayez de savoir dans quelles mesures la déficience visuelle affecte chacun des quatre domaines suivants :

- communication : à quelle distance l'enfant est-il capable de communiquer avec ses proches, incidence du niveau de luminance, difficultés éventuelles de reconnaissance des visages, expressions, langage du corps. La vision est-elle suffisante pour permettre à l'enfant de prendre l'initiative de la communication ou se base t'il seulement sur l'information auditive

- orientation et mobilité : à quelle distance l'enfant est-il capable de reconnaître les panneaux de signalisation, utilisation des techniques de balayage visuel, utilisation de l'information à faible contraste ? une photophobie ou une héméralopie pose t-elle un problème ? Comment l'enfant utilise-t-il ses autres sens et sa mémoire ? Y a t-il des signes évoquant des problèmes de localisation ou d'orientation dans l'espace ? Les enfants qui se déplacent en chaise roulante constituent un groupe à part ; leurs possibilités d'orientation et de déplacement dans l'espace doivent être étudiées de façon spécifique.

- activités de la vie de tous les jours : L'enfant a t-il des activités de son âge, est-il capable de situer et de trouver les objets qui l'intéressent, de se nourrir seul, de faire sa toilette ? Quelle est sa distance de "travail", la posture de la tête, la coordination œil main ? Il faut l'observer quand il joue au ballon et à d'autres jeux : utilise t-il son champ visuel et le balayage visuel pour les activités de la vie de tous les jours ?

- activités prolongées en vision rapprochée : quelle est la taille des détails perçus et celle des détails non vus dans les images et les tests, structure du champ visuel de près, variations de la vision de près, rôle possible de l'insuffisance ou des spasmes d'accommodation, utilisation d'aides optiques, ergonomie des différentes activités, en particulier ordinateur et télévision en circuit fermé, nécessité de techniques spéciales du fait de problèmes oculomoteurs, de difficultés manuelles, effet de la posture.

Lorsque l'enfant est atteint d'une affection évolutive, il faut anticiper les modifications de ses capacités dans un futur proche et faire le nécessaire.

L'évaluation continue en classe, en éducation physique, pendant l'instruction en locomotion, pendant les devoirs et les activités extrascolaires. Il faut accorder une attention toute spécifique à la rééducation des enfants handicapés moteurs scolarisés en milieu spécialisé : les enseignants et thérapeutes spécialisés en déficience motrice et problèmes de communication n'appréhendent pas toujours parfaitement les problèmes visuels ; si on les y forme ne serait-ce que sommairement, leur collaboration peut cependant s'avérer très ingénieuse et efficace quand il s'agit de modifier les aides de l'enfant pour lui faciliter le contrôle oculomoteur et l'usage de la vision.

Les psychologues scolaires et hospitaliers doivent être bien conscients du contenu visuel de leur matériel de tests. En collaboration avec l'équipe de rééducation de la vision, il leur faut choisir des tests tels que les réponses de l'enfant ne soient pas dépendantes de ses capacités visuelles ou puissent être interprétées en connaissance de cause. Le matériel utilisé doit aussi être modifié et adapté à ce qu'un enfant déficient visuel connaît du monde. A l'heure actuelle, trop d'enfants malvoyants sont considérés comme d'un niveau cognitif bien inférieur à ce qu'il est en réalité. Leur expérience du monde n'est pas comprise. Le matériel utilisé pour les tests est proche du seuil de fonctionnement de leur vision, voir en dessous. Ainsi l'enfant répond à des questions qui ne sont pas celles qu'on croit lui avoir posées. Si le psychologue peut être présent lorsqu'on évalue la vision fonctionnelle, il pourra modifier ses tests et les intégrer à l'examen.


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