2.1. Dépistage et classification des enfants déficients visuels

Dans les pays industrialisés, le dépistage et la classification de la déficience et du handicap visuels chez les enfants d'âge préscolaire ou scolaire revient au service de santé public ou privé. Le dépistage visuel à l'école a d'abord été destiné à la mise en évidence des défauts de réfraction. A l'âge scolaire, les nouveaux cas de déficience visuelle sont détectés plus souvent par les enseignants ou les parents devant une modification du comportement de l'enfant que lors du dépistage systématique.

L'acuité visuelle est le critère de classification le plus couramment utilisé. Le " score d'Acuité Fonctionnelle " de Colenbrander comprend cinq groupes : basse vision modérée, sévère, profonde, déficience presque totale et totale. Une telle classification est utile pour mettre en place des programmes de prévention de la cécité. Cependant, en matière d'éducation et de réhabilitation, la classification s'appuie sur les capacités et incapacités fonctionnelles.

Dans un but éducatif, cinq groupes d'enfants déficients visuels (I a et b - IV) sont individualisés de la façon suivante :

I a Pas de perception lumineuse
I b Perception lumineuse sans projection
II Perception et projection lumineuse
III Perception des formes et acuité visuelle (AV) < 0.05 (3/60, 20/400)
IV Acuité visuelle 0.05 (3/60, 20/400)
V "Normaux" c.à.d enfants déficients visuels mais n'ayant pas besoin d'aide basse vision

Les enfants des groupes I et II s'équipent, pour toutes leurs activités, de matériels conçus et développés pour des aveugles ; ceux du groupe II peuvent s'aider de la vue pour s'orienter.

Les enfants du Groupe III utilisent les stratégies destinées aux aveugles dans de nombreux domaines d'apprentissage mais peuvent aussi utiliser, lorsqu'elles sont disponibles, des aides optiques et non optiques permettant un grossissement maximal. Ces enfants peuvent, pour la plupart, utiliser la vue pour s'orienter et se déplacer, ainsi que dans les activités de la vie journalière et en matière d'interaction sociale.

Les enfants du Groupe IV sont fonctionnellement très différents, même s'ils ont classés comme ayant une déficience visuelle modérée à sévère. La limite entre le Groupe IV et le Groupe V n'est pas clairement définie. Une acuité visuelle de O, 32 (6/18, 20 /63) est considérée comme la limite entre ces 2 groupes dans les rapports internationaux sur la déficience visuelle. Or en matière de prise en charge et d'apprentissage, cette valeur n'a pas d'intérêt. Lorsque l'acuité visuelle est inférieure à 0.05, elle reflète grossièrement les capacités de l'enfant en vision rapprochée. Lorsqu'elle est supérieure ou égale à 0.05 (3/60, 20/400), sa mesure ne permet pas à elle seule de décrire la vision fonctionnelle de l'enfant. Une acuité visuelle de 0.2 (6/30, 20/100), peut en effet permettre une vision de près quasiment normale si la pathologie causale n'entraîne pas d'anomalie du champ visuel, de la sensibilité au contraste ou de la vision des couleurs (par exemple dans le rétinoschisis lié à l'X), alors qu'avec une acuité égale ou supérieure à 0.32 (6/19, 20/63), l'enfant peut avoir besoin d'une aide basse vision du fait d'une mauvaise qualité de l'image, d'une cécité nocturne ou de problèmes oculomoteurs associés.

Au Kenya, on utilise une classification assez semblable, basée sur les modalités de l'apprentissage. Après examen clinique - réfraction, acuité visuelle de loin et de près, oculomotricité - et essai de systèmes optiques grossissants ou d'aides visuelles non optiques, on distingue les groupes suivants selon leurs besoins en termes d'apprentissage : les enfants pour qui le Braille est nécessaire et ceux qui n'en ont pas besoin. Ces groupes sont ensuite subdivisés en cinq catégories :

Catégorie I, enfants totalement aveugles, utilisateurs du Braille
Catégorie II, un certain degré de vision utile, mais insuffisante pour la lecture en noir, donc enfants utilisateurs du Braille
Catégorie III, écriture en noir avec systèmes grossissants
Catégorie IV, écriture en noir avec grandissement géométrique et autres techniques spéciales

Catégorie V, regroupe des enfants qui ont une vision normale ou proche de la normale, mais qui, pour de multiples raisons, ne sont pas encore capables de suivre un enseignement normal.

Ce classement est en usage depuis 1995 et explicite bien les besoins des enfants en matière d'apprentissage.


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