Procédure de dépistage dans les écoles pour aveugles des pays en voie de développement

Il existe, dans les pays en voie de développement, différents types de systèmes de santé. Pour certains qui comportent un dépistage systématique des défauts de vision, ce chapitre n'a pas d'intérêt. Dans beaucoup de régions, cependant, même dans les écoles pour aveugles, les enfants ne sont pas examinés correctement. Si c'est le cas, les techniques de dépistage systématique que nous vous présentons peuvent s'avérer utiles.

Demandez d'abord à l'enfant s'il perçoit la lumière. Si la réponse est " non ", donnez-lui une lampe électrique et demandez-lui s'il note une différence lorsqu'elle est allumée et lorsqu'elle est éteinte. Vous pouvez aussi lui montrer une fenêtre proche et lui demander s'il remarque une différence lorsqu'il est tourné vers la fenêtre et lorsqu'il fait face à la pièce. La question peut être difficile à comprendre si l'enfant parle de sa vue pour la première fois. Pour éviter tout malentendu, il est alors souhaitable de faire intervenir une personne qui connaît bien l'enfant. On peut aussi simplement observer l'attitude de l'enfant en classe. S'il semble ne pas percevoir du tout la lumière, il fait partie du Groupe Ia, Cécité Totale.

S'il voit la lumière, demandez-lui d'où elle vient. Les enfants qui perçoivent la lumière mais sont incapables de la localiser font partie du Groupe Ib, Perception lumineuse mais absence de projection. Les enfants qui peuvent localiser la source lumineuse, mais ne voient pas les formes font partie du Groupe II, Perception et projection lumineuse. La différence entre ces deux groupes, Groupe I b et Groupe II, peut paraître minime, mais la localisation de la lumière facilite l'orientation dans l'espace et les déplacements.

Exercices de dépistage pendant une conférence sur la déficience et le handicap visuel à Addis Abeba en février 97 : classification en Groupes II et III et mesures du champ visuel par les techniques de confrontation.

Si l'enfant est capable de localiser une source lumineuse, on lui présente les cartes réponses des Symboles de LEA ( ou cartes clés), ou bien la copie agrandie des optotypes d'un autre test, un à la fois, de près. S'il peut distinguer l'une des formes, il fait partie du Groupe III s'il ne voit pas le symbole 0.05 ou du Groupe IV, s'il le voit. Le Test de Dépistage de LEA est destiné à une mesure à 4 mètres : le symbole le plus grand a donc une taille de 40M.

La distance de 4 mètres a été recommandée par les instances internationales (ICIDH-2 - ICF), comme distance d'examen standard pour les adultes et les enfants d'âge scolaire.

Présentez à l'enfant les symboles les plus grands à une distance de 4 mètres. S'il ne parvient pas à les voir, rapprochez-vous jusqu'à ce qu'il puisse en discerner 3 ou 4 correctement. Si la distance est alors de moins de deux mètres, l'enfant fait partie du Groupe III, si la distance est de plus de deux mètres, l'enfant fait partie du Groupe IV. De même si vous utilisez l'échelle linéaire pliante 15 lignes de Léa, présentez-la d'abord à une distance de 3 mètres puis rapprochez-vous jusqu'à ce que 3 ou 4 symboles soient vus correctement. Si la distance est de moins d'1,5 mètres, l'enfant fait partie du Groupe III, si elle de plus d'1,5 mètres, l'enfant fait partie du Groupe IV. Lorsqu'il y a l'électricité, la boîte lumineuse permet des mesures d'acuité visuelle à une luminance standard recommandée par le National Eye Institute aux Etats Unis. Elle peut être utilisée à n'importe quelle distance, également pour mesurer l'acuité visuelle à faible contraste.

Pour évaluer le champ visuel, l'examinateur se place derrière l'enfant, qui regarde droit devant lui. Il avance la main en bougeant les doigts, car le champ visuel périphérique est plus sensible au mouvement. Si le champ visuel est rétréci au point de ne laisser qu'une vision tubulaire de 10 degrés, l'enfant est considéré comme aveugle et classé dans le groupe III même si son acuité visuelle est encore correcte. Il est considéré comme malvoyant si son champ visuel est compris entre 10 et 20 degrés. On peut mesurer un champ visuel tubulaire en présentant un papier blanc à une distance de 57 (exactement 57,2) centimètres.

La limite entre basse vision et vision normale est difficile à déterminer lors d'un simple dépistage, car les tests d'acuité visuelle utilisés et l'examen du champ visuel ne permettent pas de mettre en évidence les cas où l'acuité visuelle est encore normale, mais où la sensibilité au contraste, le champ visuel central ou l'adaptation à l'obscurité sont perturbées. Ainsi les techniques classiques ne permettront pas de dépister par exemple, parmi les enfants sourds, ceux qui sont susceptibles d'être atteints d'un syndrome de Usher. Il nous faudrait, pour mettre en évidence une atteinte de la fonction rétinienne, mesurer la moyenne périphérie du champ visuel et les capacités d'adaptation des cônes. De même, des enfants présentant des difficultés motrices peuvent avoir une acuité visuelle normale, mais un déficit oculomoteur tel qu'ils doivent avoir recours à des techniques de lecture spécifiques.

Ces exemples montrent que les techniques classiques de dépistage du déficit visuel, basées sur les mesures d'acuité et de champ visuel périphérique, peuvent méconnaître un certain nombre d'enfants déficients visuels. C'est particulièrement vrai lorsqu'il s'agit d'enfants intellectuellement déficients, chez qui l'examen n'est pas fait avec des tests adaptés (enfants non testables), lorsqu'il s'agit d'enfants atteints de difficultés motrices chez qui les fonctions visuelles supérieures ne sont pas testées ou d'enfants sourds chez qui le risque de dégénérescence rétinienne est mal connu et n'est donc pas recherché.

Tout enfant présentant des difficultés d'apprentissage doit subir un examen approfondi de ses fonctions visuelle et auditive toute décision concernant son PEI.


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