Problèmes d'adaptation des cônes

Une modification du fonctionnement des cônes et des bâtonnets peut survenir à l'âge préscolaire. Des terreurs nocturnes ou une maladresse dans la pénombre peuvent révéler une cécité nocturne débutante. Si les parents sont avertis, ils pourront en reconnaître les premiers symptômes quand l'enfant se cramponne à eux dans la pénombre ou allume la lumière avant les autres.

Les modifications de l'adaptation visuelle peuvent être appréciées sous forme de jeu à l'aide de petits jetons bleus, blancs et rouges (Jeu test Precision Vision d'adaptation des Cônes). On mélange les jetons et on demande à l'enfant de les trier selon leur couleur. Avec un minimum d'entraînement, un enfant de deux ans y parvient. Dès que l'on a vérifié qu'il comprend la consigne, on refait le test dans une semi-obscurité.

La luminance des jetons rouges et bleus est la même ; elle est proche du niveau mésopique de luminance (pénombre) ; l'enfant ne peut donc pas distinguer ces jetons selon leur luminance mais seulement selon leur couleur. Nous sommes plus sensibles à la lumière bleue qu'à la lumière rouge dans la pénombre, c'est pourquoi les jetons bleus paraissent plus foncés en ambiance photopique ( à la lumière du jour). Le niveau mésopique de luminance doit être tel qu'il faut 4 à 5 secondes à l'examinateur pour discerner les couleurs lorsqu'il éteint la lumière.

En pratique, chez l'enfant sourd, on peut apprécier l'adaptation des cônes de façon simple : après que l'enfant a regardé la télévision un jour où il fait sombre à l'extérieur, on éteint la télévision sans allumer la lumière. Immédiatement, on signe une petite question à l'enfant ou on lui demande de faire quelque chose. S'il ne répond pas, il faut évaluer ses capacités d'adaptation à l'obscurité.

Les enfants photophobes ont besoin de verres teintés filtrants ; il leur faut soit des verres photochromiques soit au moins 2 paires de lunettes, parfois plus. Du fait de la variabilité de l'atteinte des photorécepteurs, il n'y a pas un seul type de verres à recommander pour toutes les rétinopathies pigmentaires. L'enfant doit pouvoir en essayer plusieurs et donc les emprunter pour un week-end ou plus afin de se rendre compte de lui-même de ce qui lui convient le mieux. Les verres photochromiques sont souvent un bon choix. Certains enfants préfèrent les verres filtrants dès l'âge préscolaire.

Le côté esthétique est important, surtout chez l'adolescent. Les verres rouges à surface polarisée sont socialement inacceptables mais très confortables. Il existe maintenant des verres filtrants polarisés d'un joli brun (Multilens, 435 25 Mölnlycke, Suède) Ce sont des verres organiques, donc légers et incassables. Les protections latérales et supérieures peuvent être relativement discrètes.

En cas d'atteinte des cônes maculaires, il faut toujours essayer le port de verres filtrants : on améliore ainsi le fonctionnement des bâtonnets en lumière du jour, ce qui diminue la photophobie et améliore la qualité de l'image. Certains verres filtrants permettent la transmission de la lumière bleue, donc l'adaptation des cônes bleus. En l'absence de transmission de la lumière bleue, le ciel et les autres surfaces bleues semblent d'un gris sale, ce que beaucoup de patients trouvent désagréable voire déprimant. Les bâtonnets, quant à eux, fonctionnent en ambiance mésopique (la transmission de la lumière est minimale dans l'intervalle d'absorption des bâtonnets). Avec de tels verres, l'enfant peut donc utiliser à la fois ses cônes et ses bâtonnets en lumière du jour, ce qui lui permet de voir mieux qu'avec des verres absorbants classiques.


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